Le capitaine Henno Bloem

Le capitaine Henno Bloem parle de la construction des parcs éoliens Vesterhav Nord et Syd

Début novembre, le port d'Esbjerg a publié un article sur les parcs éoliens danois Vesterhav Nord & Syd que Jan De Nul a installés pour Vattenfall au cours de l'année passée. L'article présente également notre collègue Henno Bloem, capitaine du Vole au vent qui a installé les 41 éoliennes.

Article de : Port Esbjerg (2023/11/07) - The only Danish offshore wind project this year nears completion

« Nous avons franchi un cap », constate la directrice de projet de Vattenfall, évoquant les parcs éoliens de Vesterhav Syd et Vesterhav Nord qui sont quasiment prêts à fournir du courant à 340.000 ménages. Le navire d’installation Vole au vent a récemment placé les dernières éoliennes qui avaient été acheminées depuis Esbjerg.

Ce sont désormais 41 éoliennes de 193 mètres de haut qui ont été érigées à environ cinq à dix kilomètres de la côte Ouest du Jutland. Se découpant majestueusement sur l’horizon, elles sont visibles depuis le littoral sur tout le trajet entre Harboøre et Hvide Sande, environ 75 kilomètres plus au Sud. Les éoliennes n’étaient pas encore prêtes il y a seulement quelques semaines d’ici. Leurs derniers composants étaient encore à bord du Vole au vent, alors amarré dans le port d’Esbjerg, tandis que son capitaine nous en faisait faire le tour du propriétaire.

« Ce que vous voyez là, ce sont les dernières pales à monter sur ce projet », avait déclaré le Capitaine Henno Bloem en souriant, hochant la tête vers le pont depuis son poste de commandement sur la passerelle. Il désignait les pales solidement arrimées sur le pont. Elles étaient si grandes que les hommes qui marchaient autour d’elles, avaient l’air de fourmis.La flèche de la grue peut s’élever jusqu’à 105 mètres. Sur ce projet, la hauteur de travail était de 17 mètres au-dessus du niveau de la mer lorsque le Vole au vent posait ses pieds sur le fond marin pour permettre à la grue de soulever et placer les pales, les nacelles et les mâts.

Depuis juin, le capitaine faisait partie de l’équipage qui a installé en mer les éoliennes des parcs Vesterhav Nord et Vesterhav Syd. Quarante et une unités de 8,4 MW. L’unique projet éolien offshore au Danemark cette année. D’après Vattenfall, l’énergéticien propriétaire du projet, ces 41 moulins géants produiront un total de 344 mégawatts. Soit assez pour couvrir la consommation annuelle d’électricité de plus de 350.000 ménages danois. « Nous avons franchi un cap », relève Mathilde Damsgaard, directrice de projet chez Vattenfall. Les parcs sont prêts à tourner, ou presque : il ne reste plus qu’à procéder aux dernières installations et aux essais techniques.

Record de vitesse officieux

Les éoliennes ont été posées depuis le Vole au vent, un navire long de 140 mètres et large de 40 mètres. À en croire son capitaine, le projet d’installation au départ d’Esbjerg se déroulait sans accroc et était largement dans les temps. Au début, en juin, alors que la météo était calme, l’équipage s’était peu à peu mis à fonctionner comme une machine bien huilée. Tellement bien huilée, en fait, qu’il ne lui avait fallu que 13 petites heures pour installer une éolienne.

Mais, comme c’est souvent le cas, il était écrit qu’un grain de sable viendrait gripper cette belle mécanique et, cette fois-là, suite à un retard imprévu, l’équipage a dû ramener certaines des pales au lieu de les monter sur l’éolienne. Et puis, le temps a changé. « Ce sont des choses qui arrivent presque toujours, mais le projet a été réellement piloté de main de maître », explique le capitaine.

Pourtant, il a fallu patienter de longues années avant qu’il ne reçoive le feu vert et que les éoliennes ne soient édifiées au large des côtes du Jutland.  La décision politique est tombée avec l’adoption de l’Accord énergétique en 2012 et Vattenfall a emporté l’appel d’offres en décembre 2016. En d’autres termes, le projet a été long à décoller sans compter qu’il a été retardé suite aux actions intentées par les riverains. Ces plaintes ont amené Vattenfall à déplacer le site des deux parcs le plus loin possible du littoral. Mais, aujourd’hui, ils sont autant dire prêts.

C’est un travail complexe, mais à présent, il est pour ainsi terminé : tous les câbles reliant les éoliennes ont été tirés, enchâssés dans leurs fondations et solidement attachés. Dix éoliennes sont connectées à une ligne de transport elle-même raccordée à terre. Les quatre câbles terrestres sont également à leur place maintenant. Cela a été une tâche ardue de les enfouir à une profondeur suffisante dans le fond marin afin de s’assurer qu’ils soient en sécurité et qu’ils ne bougent pas pendant les 25 à 30 prochaines années. Plusieurs navires ont pris part à ce volet du projet.

« Les opérations de câblage offshore près des côtes, dans la zone dite de déferlement, sont extrêmement sensibles à la hauteur des vagues. Impossible de régler les ultimes détails quand on a des vagues de plus de 80 centimètres et cela peut s’avérer une entreprise délicate à cette époque de l’année », commente Mathilde Damsgaard. En sa qualité de directrice du projet de Vesterhav Nord et de Vesterhav Syd, elle dirige le comité de pilotage chargé de chapeauter toute l’équipe des 90 personnes qui se dépensent sans compter pour boucler le projet.

Un dernier mât sur le pont

Il y a deux ou trois semaines, de retour sur le Vole au vent, le Capitaine Bloem était descendu sur le pont pour examiner le dernier mât à installer. Il y voisinait avec les dernières pales. Il avait fait signe de la tête à un collègue qui passait sur le pont. L’une des 74 personnes à bord : 35 étaient basées sur le navire tandis que le reste œuvrait aux travaux d’installation en mer. Seules quatre d’entre elles sont des femmes. L’équipage a été entièrement remplacé avant le dernier voyage. Le Capitaine Bloem passe six semaines d’affilée sur le bateau, puis profite d’une période similaire de repos.

Le navire est resté au port un peu plus d’une semaine, attendant que le temps s’améliore pour procéder à l’installation des ultimes composants. Ensuite, il est rentré à Esbjerg en vue du démantèlement de son équipement de pose d’éoliennes.

Le seul projet éolien offshore au Danemark cette année

A l’instar de la pose des pièces gigantesques des éoliennes, la connexion des composants électroniques représente aussi une somme de travail. Elle est toujours en cours et se poursuivra encore un certain temps. Les systèmes de câbles doivent être testés de A à Z dans les éoliennes alors que les vents d’automne frappent les pales et les mâts.

« Sur une éolienne, l’environnement de travail est plutôt spécial », pointe la directrice du projet. Les nacelles perchées au sommet des mâts peuvent se balancer d’avant en arrière sur plusieurs mètres. Elle est fière de son projet et se félicite de son état d’avancement actuel.

« C’est le seul chantier éolien offshore au Danemark cette année et il a été long à voir le jour. Vattenfall y travaille depuis 2016 et la route a été plutôt cahoteuse », rappelle-t-elle. Par exemple, Vattenfall a coopéré étroitement avec les habitants et les autorités locales. De plus, les propriétaires de résidence secondaire et les habitants ont eu la possibilité d’acheter des parts et de devenir copropriétaire du projet. Ce qui en a fait un processus assez spécial. « Mais, nous avons aussi appris pas mal de choses », admet Mathilde Damsgaard.

Projet complexe

Les parcs éoliens de Vesterhav Nord et Vesterhav Syd forment un projet d’une complexité particulière parce que Vattenfall amène le courant directement à terre dans un transformateur terrestre. Les projets danois précédents recouraient d’habitude à des postes de transformation offshore. La solution terrestre a engendré son lot de défis additionnels.

« Elle nous a donné du fil à retordre, mais nous avons pu compter sur une excellente coopération entre les parties et les fournisseurs. Les défis que nous avons dû relever, vont de la Covid-19 à la guerre d’Ukraine et aux prix élevés de l’acier, mais j’ai aussi eu en face de moi des acteurs industriels extrêmement désireux de faire du projet une réussite », déclare Mathilde Damsgaard.

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